mercredi 31 août 2011

Sparklehorse

Je reviens sur Sparklehorse, après avoir évoqué ce grand nom dans la chronique précédente pumucklPiggledyPop mais aussi en note hommage là  SparklehorsePiggledyPop

Sparklehorse a perdu son créateur Mark Linkous en mars 2010. Evidemment les médias de base déstinés à un public limité préfèrent évoquer la disparition de chanteuse et teneuse de micro comme Amy Winehouse, à celle d’un compositeur pop folk de talent qui savait écrire de la musique et la jouer, sans avoir à provoquer l’attention en torturant des souris avec de la cocaine, par exemple.


Mark Linkous, apparait sur scène en 1995 avec son premier album Vivadixiesubmarinetransmissionplot et ne tarde pas à être remarqué par ses pairs qui voient en lui une étoile, fragile et éternelle. Cette même année, Radiohead convie Sparklehorse à assurer ses premières parties et enregistrent ensemble, avec Mark Linkous au chant, la reprise de I Wish You Were Here de Pink Floyd. Ironie du sort quand on connait l’histoire de la chanson, pour qui elle a été écrite et que l’on sait le destin de Mark Linkous, non loin de celui de Syd Barrett. Linkous, qui se remet physiquement et psychologiquement d’une overdose de médicaments en 1996 ( l’arrêt cardiaque et une chute le laisse sans l’usage de ses jambes pendant des mois), connait un succès dès la sortie en 1998 de son deuxième disque, Good Morning Spider, sublime de délicatesse et mélancolique. Saint Mary est écrite en l’honneur des infirmières de l’hôpital où a lieu sa recouvrance et où, biensûr, il continue de composer des chansons. A cette époque le journal rock Rolling Stone écrira de l’album : "Good Morning Spider is an homemade tour de force of psychedelic Appalachian folk slop".


Mark Linkous qui a un don pour peaufiner des mélodies pop écorchées, suaves, psychédéliques, avec sa voix intense qui attrape et bouleverse, revient en 2001 avec l’album It’s a wonderful Life, enregistré dans son propre studio. Il y invite des amis de qualité qui viennent chanter et jouer sur le disque : Tom Waits, Vic Chesnutt, PJ Harvey, Dave Fridmann, Nina Persson (des Cardigans) etc. Cet album sensible est à l’image du personnage qui aime vivre reclu avec sa femme, entourés d’amis, retirés dans leur ferme de Virginie où se trouve le studio d’enregistrement et ses chevaux. Linkous est un poète discret, admirateur de William Blake, et la construction des titres est sublime d’originalité et de lyrisme, ornés de violons, guitares rutilantes, piano, flûtes etc. Un peu low-fi, pop, folk, l’artiste y dévoile un brin de son intimité avec pudeur. Le son fait penser tour à tour aux Beatles, à Radiohead, à Elliott Smith.




En 2006 parait Dreamt for Light Years in the Belly of a Mountain, qui a à ses manettes le producteur Danger Mouse. Entre temps Linkous aura assuré aussi une activité de producteur pour Nina Persson et Daniel Johnston et travaille, écrit, fait également une reprise, Jack’s Obsessions, sur la demande de Tim Burton pour l’album du film Nightmare Revisited.


En 2009, Mark Linkous, au côté de Danger Mouse (producteur aussi de Gorillaz et de Beck) et du réalisateur David Lynch, offre le génial Dark Night of the Soul. L’album est un projet collectif comprenant Black Francis (Pixies), Gruff Rhys (Super Furry Animals), Iggy Pop, Jason Lytle, Julian Casablancas (Strokes), Suzanne Vega, Vic Chesnutt et les Flaming Lips ; le cd est accompagné d’un livre dont le visuel est signé David Lynch. L’idée est surprenante et le résultat est révolutionnaire : c’est de la pop psyché avec du rock, de la soul, du baroque pour couronner le tout, le livre-cd est hallucinant de beauté esthétique.


Mark Linkous signe un chef d’oeuvre de génie avec Dark Night of the soul, tourne en Europe tout l’hiver 2009 et au printemps suivant, le 6 Mars 2010, il décide de partir de manière définitive à l’âge de 47 ans ; il lègue à la musique indépendante quatre albums lumineux à écouter absolument.







Lou de la falaise

Lou de la falaise est un groupe français créé en 2020 par les frères Maxime et Antoine Azzopardi, comptant Théo Eimery à la batterie, Adrie...