Je notais la fulgurance de leur opus Taller Children en janvier dernier et voici le deuxième album de Elizabeth and Catapult, The other side of zero, sorti le 26 octobre, qui présente une autre facette du groupe new-yorkais. Elizabeth Ziman, chanteuse, pianiste et auteur-compositeur, le souligne lors d’une interview « I’d hope there’s humor to both of our albums, but they’re actually quite different from one another, While Taller Children has the sarcastic lightness of a Woody Allen film, the new record’s more in the vein of Kubrick or Lynch. It’s a bit darker, a bit more tongue-in-cheek—another side to who we are. »
L’ensemble des titres a une sonorité pop et groove, avec la voix d’Elizabeth qui égrène ses mots lyriques avec la clarté vocale de Tori Amos et la finesse musicale de Feist. Il y a bien des contrastes et des dissonances entre les titres qui créent des surprises et cela crée une variété d’ambiances sur un fond de poésie. Alors qu’Elizabeth reprend un titre de Cohen sur le premier album Everybody knows, l’écrivain et musicien Leonard Cohen qui fait paraitre son recueil de poèmes The Book of Longing en 2007, inspire la jeune compositrice de Brooklyn.
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C’est le piano qui ouvre le bal, suivi d’une pléiade d’instruments, violon, flûte, batterie et guitares, qui brillent et resplendissent comme les étoiles des paroles du titre opus Time We all fall down. Le trio composé d’ Elizabeth Ziman, Pete Lalish et le batteur Danny Molad offre un génial homage à Cohen, sans faire précisément de reprise, le poéte est pourtant omniprésent, par des références, par le style, son aura qui plane et voltige au-dessus des orchestrations et des paroles, comme sur Thank You For Nothing, ou Open Book. Elle se retrouve des points en commun entre l’approche monastique du zen chez Cohen et sa vie new-yorkaise.
Il y a des parallèles dans les chansons, et des dissociations sans confusion, comme dans You and me, qui parle de la fin d’une relation sur un air instrumental pop et dans Go Away my lover en duo avec Jeff Taylor. L’alternance entre le son pop jovial et les balades romantiques, brodée par l’excellent multi-instrumentiste Danny Molad, ici à la rythmique et à la production, la force des mélodies, l’originalité des symphonies ondulent et démontrent le talent infini du trio.
Leur style, net et rond comme le zéro embrasse néanmoins divers genres, jazz, country, pop, blues. C’est vivant et sophistiqué (avec la collaboration du guitariste Blake Mills et le pianiste de Tom Waits, Patrick Warren), spontané (comme par exemple la participation de Gillian Welch et de Dave Rawlings, pas prévue) et étudié (depuis deux ans avec Tony Berg, producteur de Peter Gabriel). La qualité des compositions reflète bien l’inspiration de Elizabeth Ziman qui a grandi à Greenwich Village, dans la rue où se produisaient pour la première fois Bob Dylan et Joni Mitchell. Loin du sarcasme et du sourire de Taller Children, le thème de The other Side of Zero, forgé de regret et de nostalgie, est savoureusement soft et solide.
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