dimanche 30 octobre 2016

The Happy Couple

The Happy Couple est comme son nom nous met une grosse puce à l'oreille un couple germano-britannique composé de Johanna Maier au chant et écriture et de Tom Hilverkus aux guitares, basse, piano, moog, flûte, orgue et composition.
C'est en 2003 que la paire electro-pop signe en Allemagne, sous leurs alias Janehoney et Tom Sparkletone, un 4 titres sur vinyle nommé The Four Seasons qui comporte le superbe French Cinema Summer Love et Treason, l'unique titre chanté par Tom. En 2005, ils participent à la compilation Tribute to Television Personnalities If I could write Poetry avant de signer le fabuleux maxi-single Fools in Love enregistré à Glasgow avec ses fondant Another Sunny Day et Hopeless Case sur lequel Roy Moller vient jouer de la guitare.
RoyMollerPiggledyPop



En 2006, le duo offre derechef une pépite galbée pop sixties magnifique avec Song for the Troubadour sur lequel Stevie Jackson de Belle and Sebastian joue de l'harmonica. Les Happy Couple retourne peaufiner le single en Ecosse et propose cette même année la compilation Happy Times & Petty Crimes qui reprend l'ensemble de leurs chansons avec des inédits et toujours à la production le génial Ulric Kennedy, auteur-compositeur de Golden Dawn et The Catalysts dont je conseille l'écoute de circonstances Autumn Everywhere. Il y a une pause de huit années, d'abord parce que Tom déménage d'Edimbourg à Brighton avec son épouse également musicienne, lance son propre label Félicité Records et parce que Johanna qui vit à Hambourg n'a pas d'ordinateur, ce qui laisse peu de visibilité au travail à distance. En 2014, The Happy Couple réapparait avec l'album magnifique Into the Woods, dans son sillage, l'âme de Heavenly, Shop Assistants, Marine Girls, Pipas, The Clientele et une griffe electro-pop contemporaine, tantôt mélancolique, tantôt trottant à l'allure guillerette.



Commençant avec l'émouvant et romantique Scar on my Heart, Into the Woods lance une flambée chaleureuse d'indie-pop orné du talentueux batteur Grant Allardyce. Bénéficiant du matériel vintage du studio de Joe Watson (Stereolab/The High Llamas), le son d'harmonium habille élégamment Mapping doté de synthétiseur eighties qui va comme un gant aux mots pleins de lumière et réverbération. Puis le bois de la guitare, de la basse et du piano vient tapisser la twee pop ronde de 'papapa' sur Alexisbad suivi du voltigeant et touchant CrushedJoe Watson brille aux claviers, Tom resplendit à l'orgue accompagné de la voix cristalline de Johanna. La rythmique langoureuse de Paper Games suit la mélodie envoûtante et mélancolique, entérinée par les échos posés sur le chant et sur la guitare pour électrifier la mémoire mêlée de sentiments. Cet effet est continué magnifiquement sur le nostalgique Smash the Glass. La pop sautille dans les arrangements vitaminés de The Bestiary of Jane qui compte la partition de trompette de Gary Olson de The Ladybug Transistor avec les handclaps de Joe et de Tom ainsi que les cymbales et caisse claire enflammées de Grant Allardyce. Le mariage délicieux du piano et de l'orgue poursuit sur Sweet Believer où Johanna dépose sa voix voluptueuse et ses mots poétiques pour dessiner un titre introspectif superbe. Call and Response arrive bondissant de guitares, de tempo décalé au psychédélisme discret incluant de la flûte et des effets de voix pour imager les 'angels'. L'ambiance pieuse et lumineuse règne tout au long de l'album qui se termine sur Into the Woods, voyage pop contemplatif, qui boucle en beauté l'écoute.
TheHappyCouple



Ultimate Painting

Ultimate Painting est un duo de Londres qui apparait en 2014, personnifié par les deux auteurs-compositeurs interprètes de rock indépendant Jack Cooper, membre fondateur du groupe Mazes, et James Hoare, fondateur du groupe Veronica Falls. Les deux musiciens expérimentés dégainent un premier album éponyme en 2014, suivi du génial Green Lanes l'année dernière. Aérées, sublimement pop, les mélopées ventilent des mélodies qui semblent descendre de la lignée du Velvet Underground, des Beatles, des Kinks, agrémentées d'un swing psychédélique des Euros Childs, des Brian Jonestown Massacre dont ils sont fans. Ultimate Painting offre des harmonies un peu sixties, un peu mellow, dotées d'une riche personnalité artistique et de charisme décomplexé. Ils semblent lancés, prolifiques et inspirés en signant depuis le 30 septembre 2016, le somptueux Dusk.



Les deux compères reviennent faire sautiller leurs guitares dès l'entame Bills, où leurs deux voix se répondent douces et dodues. La chaleur de la basse qui taquine ses cordes donne l'envie irrémédiable de dodeliner du chef. La mélodie ondule sucrée et soft pour s'accrocher efficacement aux neurones qui papillonnent sur le titre hommage Song for Brian Jones. Il y a le clair-obscur de la scène new-yorkaise des seventies qui s'immisce savoureusement dans les arpèges . Dans le même esprit, le titre A portrait of Jason est ciselé et peaufiné pour les amateurs de sensualité et de finesse dans la pop. Les Ultimate Painting sont les rois pour donner de la tension dans les arrangements et les textes sur des riffs sensibles et suaves, assez pour les capter, les cueillir, se laisser plonger dans le son duveteux et envoûtant du mood de Lead the Way.



Monday Morning, Somewhere Central continue dans l'excellence. Le chant, le rythme mis en place par la guitare électrique, le clavier et la batterie galope avec dextérité. Ultimate Painting brille dans la composition non vaniteuse, baignant dans la simplicité de l'écriture pour in fine dessiner des chansons de grande envergure. Who is Your Next Target? orné de choeurs, d'un tempo entêtant, martèle un air qui colle à la peau, tatouée de la mélodie psyché intelligente et délicate. Cette sensation d'intimité, de confidence, se poursuit avec Skippool Creek qui décline des notes exécutées comme des caresses millimétrées offrant un titre en acier emballé de velours. I'm Set Free sur une dynamique mellow avec des roudoudous de lignes de basse égrène un texte aiguisé en guise de règlement de compte quand le style lo-fi entre en catimini sur le somptueux Silhouetted Shimmering. I Can't Run Anymore termine le chef d'oeuvre pop ses guitares et sa batterie, assurée sur tout l'album par Melissa Rigby du groupe s.c.u.m. Dusk est un bijou sculpté de ballades rondes, belles de quiétude, aussi délectables que les voix habiles et élégantes, arrangées par deux mélodistes à l'identité artistique solide et impressionnante. Ultimate Painting délivre trois albums majestueux, enregistrés à la maison sur home-studio, à écouter absolument.
UltimatePainting





mercredi 26 octobre 2016

James

James, groupe culte né à Manchester il y a 34 ans, avec sa fleur comme symbole, continue après trois décennie sa chevauchée éblouissante. Son leader Tim Booth, ne cesse d'ériger le monument James et de faire resplendir sa patte dans l'histoire de l'indie-pop. C'est au coeur de la mythique salle de l'Hacienda que James débourre ses chansons en 1982 avant de partir en tournée pour assurer la première partie des Smiths. En 1984 parait l'opus Stutter, suivi en 1988 de Strip-mine qui annonce la formation complète du groupe : David Baynton-Power à la batterie; Tim Booth au chant ; Saul Davies au violon et guitare; Andy Diagram à la trompette, ex-membre des Pale Fountains ; Jim Glennie à la basse; Larry Gott à la guitare; Mark Hunter aux claviers.
PaleFountains-PiggledyPop



1990 est une année phare pour les sept musiciens de James qui participent à l'album tribute du Velvet Underground Heaven and Hell avant de signer leur troisième album, Gold Mother faisant jaillir la renommée du groupe en Europe qui fredonne à l'unisson Come Home et Sit Down, ce dernier single ferrera d'ailleurs le succès aux Etats-Unis dès 1992, renforcé par la sortie des fabuleux Seven et Laid, produit par Brian Eno. Après Wah Wah de 1994, Whiplash en 1997, une compilation en 1998, Millionaires en 1999 et Pleased To Meet You en Juillet 2001, Tim et le reste du groupe annoncent qu'ils raccrochent les guitares et les micros en décembre 2001 et disent 'aurevoir' à leur public chez eux à Manchester avec un concert à l'Arena qui conclut sur Sit Down.





A l'origine du groupe en 1983, c'est Jim Glennie, Larry Gott et l'ancien batteur Gavan Whelan qui rencontrent au cours d'un concert dans un bar Tim Booth qui dansant comme un mordu a attiré leur attention. Le trio lui demandera de se joindre au groupe pour danser sur scène . Ils ne se quitteront plus, Tim adopte le nom James parce qu'amateur de James Joyce. A l'époque, les locaux habillés de noir de la tête aux pieds, un peu punkeux, fondus de Joy Division et Cure ne s'attendent pas à voir débarquer James arborant une attitude volontairement joyeuse. Tim Booth se rappelle "And we were dressed in yellow, red and green. We looked like Smarties, or kids' show hosts! But it was all very tongue-in-cheek and deliberate" et il apportera son charisme bondissant, ses couleurs vives, à l'image de la fleur devenue symbolique dans le monde de l'underground.



A l'instar de ce profil, ce caractère jovial, il est impossible de croire que James laissera tomber vraiment ce qui l'anime et il faudra attendre 7 ans pour le revoir.  Ils se réunissent d'abord lors d'un concert et en studio pour peaufiner Hey Ma qui parait en 2008 sur lequel Eno vient poser son savoir-faire. Deux mini albums suivront en 2010, The Night Before et The Morning After. Le groupe s'envole de nouveau pour jouer dans le monde entier, des dates s'alignent, des festivals foisonnent, il joue avec Kaiser Chiefs, les Killers à Hyde Park et assure une série de concerts symphoniques accompagnés par le Orchestra of the Swan and le Manchester Consort Choir. Deux années s'écoulent pendant lesquels James joue partout en Europe jusqu'à ce que la maman de Tim décède en 2012. Le deuil endolorit le groupe et l'inspire à la fois deux ans plus tard, trouvant de nouveau une énergie dans ce qui les fait tenir, la sève de la pop et de la création. Main dans la main avec le producteur des Killers, l'excellent Max Dingel, les sept musiciens de James se recueillent en studio pour enregistrer le treizième album, La Petite Mort. Et comme d'habitude, les mélodies et harmonies qu'offre le groupe sont rythmées, salées, savoureusement accrocheuses sur le thème principal de la mort. James traite le sujet de jolie manière, avec son positivisme singulier, en chantant sur le génial Walk like you de 7 minutes pour l'introduction du disque "You know more than you think you know, This universe is in your eyes, Inside the galaxies collide (...) "let’s inspire, let’s inflame, create art from our pain, find a love that’s as deep as it’s holy.”



Depuis Hey Ma, la qualité des arrangements et du jeu revêt de plus en plus les chansons. James a la même vitalité, mêlée de talent et de technicité que nombre de groupes doivent leur envier. Hormis les rides, les sept compagnons ne changent pas et reviennent avec Girl At The End Of The World au printemps 2016, stimulant et envoûtant. James continue de se faire plaisir et de nous combler avec les guitares au groove mordant de Saul Davies, Larry Gott et du nouveau venu Adrian Oxaal sur To My Surprise et Surfer's song, la batterie enragée de David Baynton-Power sur Waking et Catapult, la basse enfiévrée de Jim Glennie sur Bitch et Attention, la trompette magnifique d'Andy Diagram sur Move Down South, les claviers endiablés de Mark Hunter sur Attention, le chant majestueux de Tim Booth sur Nothing But Love et Dear John ou encore sur Alvin chanté en français, et toujours des thèmes écorchés, touchants, sur des riffs vitaminés hautement pop. The Girl At The End Of The World distribue des perles dansantes. L'album entier est aussi combattant qu'émouvant. C'est du très grand James, dans les mots éloquents et les notes érisées que je classe dans le panthéon des disques Piggledy Pop. James joue actuellement en Australie et en Nouvelle-Zélande pour être de retour sur le sol anglais en décembre. A vos tablettes !
James




samedi 22 octobre 2016

Trashcan Sinatras

Formé en 1987, Trashcan Sinatras est devenu un groupe culte de l'indie-pop. C'est à Irvine en Ecosse que Frank (Francis) Reader au chant et guitare, Paul Livingston et John Douglas aux guitares, Stephen Douglas à la batterie, Stevie Mulhearn au piano et claviers, Frank DiVanna et Grant Wilson à la basse, respectivement en tournée et en studio, se réunissent pour signer en 1990 le premier album qui marque illico les esprits, le fabuleux Cake, suivi du parfait I’ve Seen Everything en 1993 et du génial A Happy Pocket en 1996. Puis, en 2003, destinée aux fans, la double compilation Zebra of the Family comprenant des inédits parait sur la toile en libre téléchargement.



Ce pied de nez à l'industrie de la musique a effet d'un coup de poing et le groupe part en tournée aux USA pendant l'année 2004 où tous leurs concerts sont complets. C'est sur le territoire américain que les Trashcan Sinatras enregistrent pendant l'été le quatrième magnifique album Weightlifting. Une période passe, bien occupée de concerts, de collaborations et hommages divers comme l'album de reprises The Smiths is dead où le groupe chante I know it's over et la reprise des Beatles en 2007 Got to get you into my life par Francis Reader, cette même année où il participe au grandiose The Unfairground de Kevin Ayers, au chant. En 2010, les Trashcan reviennent avec le somptueux et élégant In the Music enregistré à New-York comptant la précieuse présence d'Andy Chase du groupe Ivy, ainsi que Martha Vineyard et Carly Simon pour les voix.



Tandis que Frank et Paul tous deux mariés à leurs épouses américaines roucoulent sous le soleil californien, et que John lui marié à la soeur de Frank, la chanteuse Eddi Reader, vit à Glasgow, le groupe se réunit cette année pour nous offrir un tout nouvel album paru en mai 2016, nommé Wild Pendulum. En assurant des dates depuis février 2016 avec les deux singles Best days on earth et Ain’t that something, c'est la première fois depuis 2009 que les Trashcan Sinatras reviennent sur leurs terres écossaises en novembre pour plusieurs dates, avant Londres, Dublin puis de filer au Japon.

Wild Pendulum est un bijou dans lequel on entend toutes les belles influences allant des Smiths à Shack. Après presque trente années de création, de scènes, Frank Reader reste un compositeur hors normes. Les titres de l'album sont ornés d'orchestrations, d'harmonies pop, griffé du style Trashcan Sinatras qui resplendit. C'est un régal de plonger dans le Let me Inside (or let me out) avec ses cordes, ses cuivres, rythmés et vallonnés, jusqu'aux brillants Best Days on Earth et Ain't that Something. Autumn, envoûtant, se savoure aussi langoureusement que l'amoureux I want to capture your Heart. L'envie de danser saisit sur la pop dansante des trompettes vigoureuses de All Night et l'émotion prend sur The Neighbours Place, comme sur The Family Way, captivants par la mélodie, l'interprétation et l'intention. Surgit un instant magique de nostalgie avec I'm not the Fella, perpétué avec What's inside the Box où les envolées de guitares, de cuivres, puis les arrangements de l'ensemble de cordes de Waves (Sweep Away My Melancholy) montrent tout le talent de composition de Reader. Le mélancolique I see the Moon est revisité magnifiquement avant le surprenant et fort touchant Sign of Life qui boucle le chef d'oeuvre sur des notes sublimes et surtout une note positive. Wild Pendulum, aux non-initiés, est idéal pour entrer dans le Trashcanland et un moment de délice pour les amateurs. Happy Birthday Franck!
TrashcanSinatras



dimanche 9 octobre 2016

Bedroom Eyes

Le suédois guitariste, chanteur, auteur-compositeur qui crée le projet Bedroom Eyes en 2004 s'appelle Jonas Jonsson, né en 1983 il grandit à Föllinge dans les montagnes suédoises où sa famille est implantée depuis 5 siècles et où il commence à composer ses chansons à 20 ans. Aujourd'hui il vit à Stockholm, viscéralement attaché à son pays et habité par l'indie-pop, il enregistre, produit et signe son premier EP en 2006, Embrace In Stereo, suivi en 2007 par Valentine Vacancy et la même année pour couronner le tout, l'excellent Hand in Hand Grenade dont le titre Motorcycle Daydream bat tous les records de téléchargement. Ces trois disques sont fabuleux, emprunts de poésie, de mélodies solides et d'une écriture romantique, chevaleresque. Evidemment, en 2008, Piggledy Pop passe par là : BedroomEyes



J'écrivais : "La construction des titres est alternative faite de compositions en cascades, surprenantes, balançant du clavier aux trompettes, des violons à la guitare electrique. Puis il y a des accords parfaits dodus de basse avec le trépidant et efficace timbre de voix de Jonas. Les refrains entonnés se marient si bien avec les percussions et les cordes qu'ils complètent le dynamisme des paroles"..."Les Bedroom Eyes nous ont offert des pépites pop fort réussies qui répondent en tous points aux exigences du style et sont en ce moment à l'écriture de nouveaux morceaux. Il n'y a plus qu'à se tenir prêt".
Voilà, c'est chose faite. En 2010, parait le sublime The long wait Champion qui est fourni d'harmonies fantastiques, de belles orchestrations, avec de la trompette, de l'harmonica, des violons, des guitares à tout vent et toujours la voix élégante et belle de Jonas qui commence l'album avec Hand in Hand Grenade.



Véritable cocktail de pop contenant du Phil Spector et du Morrissey, contemporain, Bedroom Eyes compose des airs somptueux en avril 2015 qui brillent sur le deuxième album Greetings from Northern Sweden. S'appliquant aux formes il peaufine l'instrumentation et s'entoure de Hello Saferide, d'Andrew Matthews du fameux groupe Popsicle, de l'ingénieur Markus Eriksson qui accueille Bedroom Eyes dans son studio et pour la production d'Andreas Mattsson. L'album offre des cuivres dont le saxo de Markus Ernehed, des cordes jouées par Anna Manell et Erik Andersson, de la flûte assurée par Anna du groupe Vapnet. Les autres musiciens qui l'accompagnent aussi sur scène sont Mattias Andersson à la basse, Erik Berg au piano, Henric Boija à la guitare et Emil Karlsson à la batterie.
Jonas Jonsson poursuit son épopée sous son propre nom en chantant en suédois et délivrant des chansons plus rock, des grenades pop qu'il conçoit avec Mattias Andersson à la basse, Markus Ernehed au saxophone, Emil Karlsson à la batterie et Henric Boija à la guitare.
BedroomEyes
JonasJonsson




Zou! un Popsicle, pour les très beaux et bons souvenirs...

samedi 8 octobre 2016

Russian Tour

Je vais être claire : la compilation Russian Tour est au classement Piggledy Pop le meilleur disque de l'année 2016 tant par l'esprit qu'il véhicule que par sa qualité et la joie que son écoute me procure. Depuis la magistrale baffe prise devant Motorama, groupe de Rostov, c'était dans un bar parisien en 2011, j'ai le sentiment que la slav'pop s'aiguise et s'affûte d'année en année. Je parle de groupes russes de plus en plus souvent, comme des fabuleux Malishkamu ou de White Wishes. Russian Tour me comble derechef avec 11 groupes géniaux alliés et alignés avec justesse sur la compilation façonnée avec talent par Belka Records.

La compilation est en marche depuis le 27 septembre 2016. Elle contient tout ce que les chercheurs d'or pop rêvent ; de la cold wave, de la dance, de la twee, de la dream, de la jangle, du post punk, de l'indie dans toute sa splendeur, en anglais et en russe. L'âme slave est présente sur chacun des morceaux qui s'emboitent comme des poupées russes. Il y a du romantisme, du caractère, du rock qui donne envie de pousser les enceintes à fond dans la datcha, des notes mélancoliques, des rythmes dansants, virevoltants, qui donnent chaud sous la chapka. Comme l'annonce si joliment le bandcamp de Belka Records, "Bringing the Eastern Sound ... to Western Ears", Russian Tour rappelle l'excellence musicale de la culture occidentale.



Et le tour commence avec le brio de The Parks, Squares and Alleys sur We're Not Just Friends dont je parle par ici TheParksSquaresAndAlleys , puis enchaine une série de groupes et artistes dont j'ignorais l'existence et impossible à départager. Ils ont tous une valeur et un style fort séduisant. Avec Buerak, Sovetskiy Parfyum, je fonds. Les guitares roucoulent sur une batterie énergique et un chant en langue russe qui rebondit et fait penser à Cure, Joy Division, Sisters of Mercy, après une cure de jouvence. Puis la dance pop du superbe OneGin Please sur QSEX, ne décourage pas cette envie de gigoter bêtement qui s'accentue même sur le timbre de voix hypnotisant, les guitares qui se trémoussent, de Gruppa "TIGRY" et son Kotik palpitant. Puis les tambourins magnifiques de FPRF entrent en piste sur Parks et nous cueillent. Impossible de se démobiliser de la compilation dont le rythme accélère avec un choix de titres fin et intelligent. Quand la pop excitante de Hut et Hate Me débarque avec sa basse à couper le souffle, ce n'est pas le verre qu'on a envie de jeter par dessus l'épaule mais toute la vaisselle.



L'atmosphère au tempo flamboyant poursuit avec Bumazhnye Tigry qui dès qu'il entonne Chantage en russe là, c'est un missile pop qui arrive aux oreilles. En guise de petite bombe dansante, il y aussi Esthetix et le titre sévèrement funky, aux guitares puissantes, Promised Land qui scotche le casque à la tête. L'electro-pop resplendit de mille feux grâce à Seed Of Freedom et leur morceau Time Machine qui fait paraitre la touchante mélancolie slave en offrant une rythmique, vitaminée, enivrante sur arrangements lumineux et une voix cristalline. Chernikovskaya Hata, avec Nochnoe Randevu chanté en russe nous lance une pépite pop qui propulse sur une montagne russe cold-wave. Cette grandiose ondulation glaçante qui fait écho à Ian Curtis poursuit avec Kholodnaia Luna de Okolo Poludnya qui encourage cette envie de pogoter au fond du Caucase tant ses guitares, ses claviers, sa basse, rock et pas farouches, ont une énergie contagieuse. Russian Tour est un cadeau pop qui décline une ribambelle de groupes, aux univers pop incroyables, offrant leurs identités, leurs mélodies efficaces, leurs mondes indie avec un sens certain de l'esthétisme. La compilation coûte seulement 4 euros, en vaut beaucoup plus tant elle est belle et fait exister la musique, celle qui touche les oreilles et le coeur .
BelkaRecords

Peaness

Trio féminin basé à Chester en Angleterre, Peaness apparait en 2014 avec un premier EP nommé No Fun signé en août 2015 donnant l'effet inverse: la ferme impression que les filles s'amusent. Elles jouent divinement bien guitares, basse et batterie, sans prétention dans les textes qui prônent la naiveté et la simplicité propres à la twee-pop.



Après avoir écumé une pléiade de scènes à travers le pays, présentes sur tous les festival du Wales Goes Pop de Cardiff en passant par le Threshold Festival de Liverpool au le DIYPopFest de Londres, Peaness sont maintenant jouées sur toutes les radios anglo-saxonnes. Avec des mélodies qui accrochent l'attention, des harmonies qui restent en tête, un véhémente présence sur scène, le groupe se distingue sur 6000 autres et participera peut-être à Glastonbury l'été prochain.
La bassiste Jessica Branney, la guitariste Carleia Balbenta, toutes les deux chanteuses, et la batteuse Rachel Williams chez qui elles enregistrent les premières chansons, sont désormais suivies par le label canadien King Fisherbluez qui a vu s'envoler les ventes du single I’m Not Your Problem, sorti en format cassette et 'sold out' depuis quelques jours. En avril 2016 Peaness offre le single Oh George et actuellement en studio, travaille à un second EP prévu pour cet automne. A noter sur les tablettes !
Peaness



dimanche 2 octobre 2016

The Anatomy of Frank

Groupe de Charlottesville, Virginie, The Anatomy of Frank m'accompagne depuis la sortie de leur premier album Pangaea pour lequel j'avais eu un grand coup de coeur. Offrant un univers musical pop aux sonorités psychédéliques, alternatives, ornées de notes qui rappellent Mogwai à qui ils rendent hommage dans un titre, il est aussi nourri d' XTC, The National, Sun kill Moon, Real Estate. Le quintet à l'esprit drôle et croustillant, propose des mélodies dansantes et rythmées avec des textes tournés vers la musique, le cinéma, le voyage et bien sûr l'amour.



Loin d'eux l'ennui, les chansons se suivent, s'enroulent, sans jamais se ressembler et dès la sortie d'un premier Ep en 2011 nommé Relax, c'est évident que les cinq garçons ont de l'inspiration, de la technique et du goût. En 2013 suit l'album génial Pangaea qui ouvre avec Saturday Morning, léger et sautillant où les sentiments amoureux se lient à la création musicale. Puis Mogwai Stole my Chord Progression, délicieusement kaléidoscopique, laisse valser les guitares électriques et la batterie pour évoquer une rupture amoureuse quand le sublime Bill Murray arrive avec son piano et ses harmonies absorbantes, un aimant pop aux effets de voix voltigeants et au tempo très réussi. Hey SATAN! (I know where you live) bondit et saute aux oreilles grâce à ses 'papapa' en choeurs et ses arrangement rock aux limites du ska-punk énergisant.

Kyle Woolard au chant et à la guitare, Erik Larsen à la guitare, Jonas Creason à la basse, Jimmy Bullis aux claviers et piano, Max Bollinger à la batterie, brillent de talent sur With Friends like Me, où chaque instrument se succède pour se mixer comme par enchantement et lâcher les notes rock'n roll. A aucun moment les airs sont redondants. Les mélodies sont modelées et toniques, comme sur la série des trois titres, Blurry (Part i), like Headlights through Eyelashes, Blurry (Part ii), like Cobblestone Light Networks et Blurry (Part iii), like Insects Drowning in Puddles qui s'étirent dans la durée, suivis de Dirge (for Matt) et ses six minutes qui font place aux excellentes 10 minutes de The Death of a Fly avant le final surprenant d'une minute avec Postlude for Reykjavík.



Prolifiques, ils sont insatiables de concerts et partent du continent américain pour jouer dans le monde entier. En 2014, ils se lancent dans le projet d'écrire un album dédié à chaque continent et en 2015 parait le premier North America. Cet été 2016 les cinq américains signent le single August et travaillent sur l'album européen tout en assurant actuellement une tournée en Allemagne, Suède, Islande, etc.. A attraper absolument au vol !
TheAnatomyOfFrank

Lou de la falaise

Lou de la falaise est un groupe français créé en 2020 par les frères Maxime et Antoine Azzopardi, comptant Théo Eimery à la batterie, Adrie...