lundi 31 mars 2014

Eef Barzelay

Eef Barzelay apparait en 1997 au sein du groupe de country rock alternatif de New-York Clem Snide. Après un premier et délicieux album You Were a Diamond, sept albums et une pléiade de concerts, Clem Snide se dissout à peine dix ans plus tard. Le groupe se compose essentiellement de quatre musiciens avec à leur tête, Eef Barzelay, artiste originaire de Tel Aviv en Israël. Doté d’un talent d’interprète et de composition inoui, il mène depuis 2006 une carrière en solo, installé à Nashville, où il écrit trois albums dans la veine du folk acoustique, offrant des balades pharaoniques ornées de guitares, basse, tambourin, accordéon, piano. Barzelay donne à ses chansons une fibre de narration, il conte des histoires, il est un pionnier dans ce genre musical pop-folk. Après une courte séparation en 2006, et l'album ficelé et persillé, Hungry Bird, prêt à sortir du studio d’enregistrement et qui aboutira finalement aux oubliettes, Eef Barzelay retrouve en 2009 ses amis du début, Pete Fitzpatrick (guitare et banjo) son cousin Brendan Fitzpatrick (basse) et Ben Martin (batterie). Ils décident de repartir en croisade, avec en leur compagnie Franz Wright au chant, poète renommé qui remporte le prix Pulitzer, Tony Hamel au piano, accordéon, orgue et Roy Agee au trombone et Hungry Bird renaît donc de ses cendres en février 2009 avec de l’harmonica, trombone, piano, guitares, du kazoo en bonus.

L'homme se marrie, devient papa de deux enfants et sa mère, malade d'un cancer, disparait. Le musicien déménage du East village et change sa façon de composer, d'aborder la composition tout en demeurrant aussi perfectionniste et méticuleux. En 2011, Eef Barzelay rend honneur à la chanteuse de Seattle Terri Tarantula, également auteur-compositeur et batteuse des Walkabouts, en reprenant 6 titres sur Black Tin Rocket (Songs of the Transmissionary Six), assurant le chant, la guitare, remodelant le tout à sa manière. Année prolifique, le musicien revisite l'album Bitter Honey de 2006 pour bandcamp, dans une veine folk et acoustique, une série de titres ornés de narration et de sonorités traditionnelles splendides, puis avec Clem Snide, Barzelay enregistre Clem Snide's Journey. Suit un album magnifique de reprises, en deux volets, Fan Chosen Covers, comprenant le Velvet Underground, Lee Hazelwood, Bob Dylan, Bee Gees, etc titres choisis par les fans d'Eef Barzelay. En 2013, le groupe signe We Leave Only Ashes comprenant les bonus tracks des singles puis Songs we Made, part 1 et part 2 comptant 10 titres chacun portant des prénoms féminins. Après 2 années d'absence, le ménéstrel s'envole pour l'europe et assure une jolie tournée en Angleterre, puis  offre l'EP All the Way quatre nouvelles chansons le 14 février 2014 en annonçant une tournée américaine. Amoureux de Nick Drake et de la comédie musicale The Sound of Music, Eef Barzelay est un acteur majeur dans le milieu de la pop underground tant par sa musique, son interprétation, ses textes que par sa personnalité et sa franchise. C'est après avoir festoyé autour de poulets rôtis et de bières avec ses amis à Nashville que leur interet pour Julie Andrews est né, comme the Ghost of Fashion de 2001 sorti après les attentats de New-York qui ébranlent les musiciens. Loin de soucis nombrilistes, les chansons d'Eef Barzelay ont autant le profil de chroniques et d'articles sur les événements, la société contemporaine que la qualité d'intemporalité comme sur History, inspirée d'une toile de Michel-Ange. Avec son élégance et son savoir-faire, il alerte sur certains sujets, où invite à la nostalgie, la poésie en chantant et jouant à la guitare sans se soucier d'arrangements secondaires qui pour lui sont superflus et pas nécessaires à une belle chanson. Aimant les mots et les mélodies, Eef sait décrire son époque mais aussi passer les frontières du temps et des pays, ayant toujours voyager avec ses parents, il se décrit comme un perpétuel immigrant à l'écriture anachronique. La voix de bariton, vibrante et envoûtante, prophétique, accompagne les excellentes mélodies d'Eef Barzelay que j'écoute fidèlement depuis plus de douze ans et qu'inévitablement je conseille à ceux qui ne connaisse pas encore.
Clemsnide
ClemsnidePiggledyPop2009





mercredi 19 mars 2014

C+C=Maxigross

La joyeuse clique italienne de C+C=Maxigross n'a pas un profil commun. La troupe de troubadours tire sa particularité de la route qu'elle sillonne sans cesse dans son van blanc, alignant des dates de concerts spontanés ou préparés, dans des salles ou autour d'un feu, de Rome à New-York. Sous leurs tignasses de hippies, aussi fournies et impressionnantes qu'on peut se demander ce qu'ils mettent comme assaisonnement dans la polenta, les membres du groupe, tous musiciens et chanteurs, sans leader, composent et jouent une pop psychédélique riche. Mêlant des guitares, acoustiques, folk à l'harmonica, aux violons, cuivres, tambourins, leurs compositions sont magiques. C +C=Maxigross ont cet amour de l'aventure qui passe les frontières et les barrières du temps, explorant dans leurs titres la langue italienne biensûr, mais aussi française, espagnole, anglaise et cimbre, dialecte ancien (100 avant JC) qui tient ses racines de l'allemand et parlé dans les montagnes au nord de l'Italie.

C'est dans leur maison à la montagne que commence le travail de composition et d'enregistrement du premier EP Singar en 2009. Ils sont surpris du succès de leurs chansons qui passent de radio en radio, de blog en blog et décident de partir jouer dans tout le pays tout en concoctant de nouveaux titres. En 2012, alors qu'ils gagnent une récompense au festival Arezzo Wave, ils s'envolent pour les Etats-Unis assurant une tournée avec comme étape le CMJ Music Marathon de New-York. En avril 2013, l'opus Ruvain avec ses 14 morceaux sort et les C+C=Maxigross dévoilent leur univers fleuri de notes pop psychédélique et folk jouée avec des instruments très variés dans la veine musicale américaine et anglaise traditionnelle, où s'entendent Neil Young ou Nick Drake. Le fabuleux collectif joue tous les instruments et chante en choeur, s'amuse et ne se prend pas au sérieux, bien que leurs chansons soient soigneusement travaillées et ficelées. Les excellents musiciens de C+C=Maxigross, Francesco Ambrosini, Filippo Brugnoli, Carlotta Favretto, Tobia Poltronieri, Mattia Tramonti, véhiculent la bonne humeur et divertissent avec une apparence légère qui cache un grand talent de composition et de technique. Inspirés par la nature, les montagnes, les voyages, les rêves, la mer, l'histoire, leurs chansons ressemblent à des cartes postales, un keepsake pop, boisé, oxygéné et mélodieux. La balade Pamukkale in E ouvre le pas de manière délicate quand la batterie et l'accordéon se mettent en marche pour le poppeux et dansant Charleroi Poulet et sa guitare électrique facétieuse. Le chant aussi frais et pétillant qu'une pastille des Alpes aligne les harmonies savoureuses sur Uno Tempo, avec sa flûte qui ondule sur des paroles débordantes d'humour comme sur les choeurs de Hills, Hills, Hills arrangé au clavier et avec l'esprit des Beach Boys. Parés pour l'escapade ayant des données météorologiques et géographiques, nous continuons à flâner avec C+C=Maxigross en écoutant les tambourins aussi diablotins que les cordes des guitares et les tam-tam rugissants qui aurait fait se déhancher frénétiquement Moïse sur les tables.


L'harmonie magique de Lesha!Keyoo!See-Ya! chanté en cimbre semble venir des temps anciens avec des notes sucrées et dansantes. Puis le très italien L'attesa di Maicol fait une virée dans un univers typique transalpin grâce à la mandoline, les guitares, délicieusement proches du folklore croate ou du klezmer. Ten Dark Wednesday est une balade au tempérament ménestrel, pastoral, alternatif et surprenant, à l'image du groupe qui enchaine avec No One Calls Me (The Time of The Time of The Season), sussuré, chuchoté de façon polichonne et sixties. Najhladnija Luka Pule rend hommage à la famille du chanteur sur une basse et un harmonica mélancolique et magnifique. Puis le old- fashioned et très stylé Josè entraine à la danse sur son tempo puissant, sa flûte dynamique et un chant qui rameuterait tous les troupeaux des Dolomites. Le langoureux Holynaut suit, offrant un moment de grâce et de douceur, dont les arrangements brillent comme un vol élégant de lucioles musiciennes. Aux manettes de l'album, il y a le producteur Marco Fasolo, ami des C+C=Maxigross et qui sait bien ce qu'il fait en studio puisqu'il est aussi auteur-compositeur du fameux groupe Jennifer Gentle, référence dans le milieu indie-pop. Ruvain se termine avec ses deux titres psychélédiques, superbes, Testi's Baker-Jung Neil et Wait Me to Arrive, à la mélodie solide, aux textes majestueux et ingénieux, à l'instrumentation simplement belle d'histoire et d'âme. A se procurer chez Vaggimal Records qui signe aussi les excellents Klein Blue.
C+C=MaxigrossBandcamp
VaggimaleRecords


dimanche 16 mars 2014

Donna Regina

Les Donna Regina sont depuis les années 90 le duo electro-pop le plus bossa et ensoleillé d'Allemagne. Couple à la vie, à la scène, Regina et Günther Janssen offrent une pop dans la lignée de Stereolab, Lali Puna et Saint-Etienne dont l'élégance et la préciosité, la précision dans leurs compositions electro-pop me touche. Etant une grande admiratrice de leur univers musical, de filmographie et littéraire, je suis encore séduite par leur nouvel album au joli nom Holding The Mirror For Sophia Loren, sorti le 28 février 2014.
Extrait Piggledy Pop de 2010 : Donna Regina qui aime chanter Avec le Temps de Leo Ferré est vite repéré par le label Rough Trade et sort l'opus Lazing away en 1992. Le duo downtempo passe les frontières de Cologne. Suit en 1993, Almaty sur lequel ils reprennent La Madrague, 1994 parait For her Beautiful Heart avec également des titres en français comme Loin de Moi et On dirait.
Regina et Günther rencontrent en 1996 leur nouvel acolyte multi-clavieriste Steffen Irlinger. Leur style electro low-fi fuse et de vrais instruments comme le piano, les guitares, mandoline, métallophone, cuivres complètent les mélodies organiques. La voix cristalline de Regina voltige de plus belle dans A quiet Week in the House de 1999 et ses titres splendides comme Star Ferry II.

2002 est la sortie de leur cinquième disque Northern Classic et le trio passe le Rhin, direction la France. Alors que Regina s'amuse à reprendre C'est la Ouate de Caroline Loeb, le trio présente Late en 2003 à son public de fans naissant et joue sa pop mélancolique à Paris où le producteur du label Tricatel, Bertrand Burgalat, est accroché. Ensemble ils enregistreront le superbe et tricatelien album A Collection Of Little Secrets, sorte de carte postale sonore, un puzzle remixé des cinq premiers albums. Ces quatorze morceaux sont parsemés de rythmes chauds, de sons électroniques limpides et dansants.
Slow Killer apparait en 2005 et Regina continue ses prouesse vocales, oxygenées et aériennes. L'album reparait en 2007 en vinyle et le label Berlinois Karaoke Kalk qui s'occupe des intérêts du trio depuis 2000, concocte toute une vague de cds et vinyles réussis et probants ; Karaoke Kalk est un label prolifique qui ne manque pas de distinction avec Thorsten Lütz aux commandes.
The Decline Of Female Happiness sorti le 18 juin 2010, constitué de 10 titres pop dont Until you do, Perfect stranger, Lost Sunday et le sublime Diamond of the day, sont bossa et dansants. Les autres titres sont plus electronica et résonnent sur des paroles introspectives, féminines et sensuelles. Il y a du son analogue mélangé à du Kinks, du Velvet Underground, du Astrud Gilberto qui fait danser de Berlin à Bueno Aires et à Paris.
DonnaReginaPiggledyPop2010

Revoici cette année nos plus frenchy des musiciens allemands qui non seulement chantent en français mais s'inspirent pour leurs chansons de la culture française, comme de l'américaine, de la japonaise ou de l'espagnole. Dès les premières notes de Holding The Mirror For Sophia Loren, c'est l'immersion dans la délicatesse du chant, du texte et de la mélodie. Les claviers déroulent un tapis de synthétiseurs et piano romantiques qui s'allient dans un kaleidoscope de couleurs déclinées en français, inspirées par leur séjour à Paris et leur intérêt pour Le Corbusier. Puis le jazzy et sensuel Carlos fait entrer trompette, clarinette et harpe jouées par le berlinois Volker Griepenstroh, suivi de Cities qui évoque New-York, Londres, Paris etc sur un tempo enivrant et dansant et sur le chant noble et aérien de Regina. La guitare acoustique, le piano espiègle de Lift me up proposent une suave et optimiste transition avant le presque electro indus et planant Koyasan qui nous emmène dans les airs au-dessus des montagnes près d'Osaka au Japon où les Donna Regina ont une renommée très importante. For the Love of propose des synthétiseurs typés années 80 et des notes de piano mélodieux que Janssen utilise tel un maestro sur un texte amoureux qui se poursuit sur I wanna Know, rythmé et hypnotisant qui fait place au passionné Escuchame chanté en espagnol au clavecin voltigeant qui rend hommage aux écrits du berlinois Graw Böckler sur le Buenos Aires contemporain. I know how est un plongeon feutré et harmonieux qui change d'atmosphère, jouant une electro quasi pastorale avant le très Kraftwerkien Gatsby, inspiré par l'auteur F. Scott Fitzgerald, pour continuer avec In The Company Of Friends, mélancolique et joyeux à la fois. Le titre parle des amis parmi lesquels se trouvent Wolfgang Flur de Kraftwerk qui fait partie des férus admirateurs de Donna Regina, comme Andy Thoma et Jan Werner de Mouse on Mars. Leaving boucle le magnifique Holding The Mirror For Sophia Loren avec des arrangements délicats et oniriques orchestrés par le producteur polonais Michal Jacaszek, qui image bien les liens sacrés entre Donna Regina et la pologne où le groupe consacre toujours une grande tournée. Piggledy Pop est toujours aussi fan de la douceur de l'univers Donna Regina qui signe là encore un sublime et subtile Holding The Mirror For Sophia Loren.
DonnaRegina
KaraokeKalk



samedi 15 mars 2014

Cheers Elephant

Cheers Elephant est un groupe américain qui propose une pop ensoleillée et rythmée depuis 2008 avec son opus éponyme. Les quatre musiciens de Philadelphie sont liés, de vrais amis et cette osmose s'entend sur leurs productions qui sont signées de l'auteur-compositeur et guitariste Derek Krzywicki accompagné de Robert Kingsly à la batterie, de Jordan del Rosario à la guitare et Travelin' Mat à la basse. De manière solide et harmonieuse, les quatre chantent, forment des choeurs et arrangent leurs mélodies en symbiose. L'âme du groupe, l'amitié se glisse dans les titres et se constate sur le terrain quand ils assurent les concerts ou quand en chorale ils décident de faire leurs paquetages pour emménager à Los Angeles en 2013. Le quartet pop psychédélique peaufine un second album en 2010, bondissant, vrombissant et Man is Nature parait en 2011. Les harmonies de basse et le chant m'évoque un mélange de Darwin Deez avec Hal et passant de la power pop de Shark Attack au sunshine pop My Bicycle Ride, à l'écoute de Comment Allez-Vous à Captain Crowninshield les influences pourraient aussi être puisées chez les Byrds, Zombies, ou chez les Beatles. En se plongeant dans la bossa du titre California, les Cheers Elephant annoncent leur envie de s'envoler vers les chaudes contrées sud-californiennes. L'instrumentation fleurie et les arrangements colorés réapparaissent sur le dernier album Like Wind Blows Fire de 2012 qui devrait être suivi d'un nouveau cette année 2014, en préparation.


Like Wind Blows Fire offre trompette, tambourin, clochettes, guitares, basses et batterie qui se lient sur des choeurs presque Brian Wilsoniens avec des "hoohoohoo" des "lalala" et des claphands joyeux sur des synthétiseurs guillerets. Le dynamique Peoples nous plonge d'emblée dans un bain de notes dansantes et une ambiance sensuelle avec les paroles "Everybody's got to love someone sometime" qui au fil du disque se transforme en déclaration plus offensive comme sur Party on Darwin, ou en invitation au voyage sur Leaves "No place to call you're oh-oh-oh-own, You'll end up where you are, Have faith please drive a car". La guitare acoustique de Little Dog propose une balade alternative, catchy et solaire avec la voix de crooner ravissante de Derek où plâne le souvenir des Beach Boys quand arrive les voix d'indiens de Like Wind Blows Fire, transportant dans le paysage du grand Canyon. La basse de Travelin'Mat résonne et resplendit sur Thought and Commonsense et sur Doin'it, right quand Derek Krzywicki et Jordan del Rosario font scintiller les guitares electriques et acoustiques sur Get'ya. L'album entier est réussi grâce à l'excellence du tempo de Robert Kingsly, il fait vibrer, voyager. Les Cheers Elephant grandissent, font évoluer leur univers contemporain et moderne aux allures sixties avec un sens pointu des mélodies et des arrangements pop et rock. Dans l'attente de leur quatrième album qui sortira cette année, leur trois premiers volets sont un régal, un délice sonore assuré.
CheersElephant



mercredi 12 mars 2014

Fletcher C. Johnson

Fletcher C. Johnson est un auteur-compositeur interprète de Brooklyn qui entouré de deux musiciens, lance le projet en 2010 après avoir joué en 2008 au sein du groupe d'Atlanta désormais installé à New-York, The Weight. Les absorbants Fletcher C. Johnson piquent et mordillent l'oreille à la première écoute. Une atmosphère garage pop joviale, rock, se dégage dès l'attaque de l'opus It Rained Something Wicked qui contient 10 pépites pop folk, arrangées admirablement avec des guitares de tout genre . On y entend des influences des sixties et des seventies, dosées avec bon gôut et le chant insaisissable et planant de Fletcher ajoute une saveur à l'ensemble. De Thanksgiving à Merry Christmas, les titres déroulent une ribambelle de mélodies jouées aux guitares, harmonica, batterie et basse savoureuses sur des thèmes qui parlent d'expériences personnelles et de sentiments amoureux avec humour et esprit. Suit la même année 2010, le single Happy Birthday qui précède le fabuleux deuxième single en 2012, Messin' Up My Mind qui avec son autre titre, Lost my Head, sont parés d'efficacité.



Salutations est l'album qui parait en 2012, offrant la griffe singulière du trio new-yorkais qui signe 10 titres totalement aboutis. La folk pop est moderne, guitares et tambourins se cotoient avec harmonie pour parfois rugir en symbiose sur Salutations qui ouvre l'écoute. Il y a du Lou Reed, du Bowie, dans Wicked Boys, du Jonathan Richman dans Send me your love, du Bob Dylan dans Pacific Blue. L'arôme réside dans le chant de Fletcher C. Johnson qui met du tempérament dans son phrasé et sa manière d'interpréter orignale psychédélique dévoile son talent . Les mélodies sont immédiates et permanentes, alternative et accrocheuses, du galopant Call Me à l'ample Small Town et ses guitares charismatiques. Le tempo power pop et le fuzz dans la basse revient avec Save you Irene et Happy Birthday avec ses guitares fifties clinquantes aux sonorités garage ou surf et aux synthés psyché comme celui qui enchaine sur She, ballade langoureuse qui mène à l'excellent final Radio High. L'album a du style, une âme et Fletcher un sacré vécu après avoir joué et écrit pour le groupe anarcho-punk Aristocracy dans les années 90, puis son premier groupe avec son ami d'enfance Kyle Thomas qu'ils nomment King Tuff. L'irrésistible Fletcher C. Johnson est accompagné par Todd Martin à la basse, John Dougherty à la batterie et Adam Meisterhans à la guitare pour jouer en concert et sillonner les Etats-Unis tout le printemps 2014.
FletcherC.Johnson

lundi 10 mars 2014

Holiday

Le combo des Holiday se compose en 1992 des brillants et inspirés étudiants de Yale, le chanteur et guitariste Josh Gennet, le bassiste Andrew Park, la deuxième guitare assurée par Matt Snow et du batteur Paul Moyano arrivé en 1993 au moment de l'enregistrement sur cassette des premières chansons The Big Pickle puis du premier EP My Roommate Joe qui comprend la reprise de Stephin Merritt, Candy. Moyano quitte à son tour la formation et Calvin Chin prend les baguettes pour les singles Permission Slip et Prostitutes in Town à l'automne 1994 aussitôt suivi en février par la sortie de l'opus de 14 titres, Waitin' Round the Corner. Dans sa continuité, Holiday signe derechef un deuxième album éponyme en 1995 puis le génialement pop de 1996 Ready, Steady, Go! Dans la veine des groupes offrant de la pop sophistiquée et fleurie d'harmonies, d'instruments, de mélodies et de chant sur des textes élégants, Holiday se classe aux côtés de leurs compatriotes de la côte Est, Ladybug Transistor mais aussi de Weezer de la côte ouest ou encore, leurs cousins australiens The Lucksmiths. En 1997, tandis J. Niimi apparait à la place de Chin à la batterie pour la superbe réalisation du troisième album Cafe Reggio, Holiday annonce à la surprise générale sa dissolution. Pourtant les médias s'accordent à applaudir ce troisième volet, si abouti et ficelé avec des arrangements de plus en plus riches et des mélodies indéniablement fournies. Les prometteurs Holiday ont de sacrées belles mélopées, d'excellents disques et concerts live quand leur décision tombe.

Josh Gennet qui joue de la guitare, du mélodica, du piano et gère les arrangements de cuivres, orchestre aussi les textes, sentimentaux et poétiques comme sur Holiday dans Obviously Love ou Sarah. L'américain sait autant écrire avec brio que composer. Cette dextérité est partagée par ses acolytes aux guitares, à la basse qui taquine sur la rythmique qui est enthousiaste dans Satisfaction et laisse la grosse caisse mener le bal dans Golden Anniversary, sur un glockenspiel et un handclaps chaleureux qui nous emmène à San-Francisco dans You've Got Nothing. Claviers et trompette se mêlent à la fête comme sur Ready, Steady, Go! où dansent aussi les notes de cor, de trombone, joués par Dave Crawford. Les instrumentations sont toutes aussi vibrantes sur Cafe Reggio et ses 12 titres lumineux de mélancolie et de joie de vivre qui regroupent essentiellement les singles passés, avec des inédits, peaufinés par le producteur de talent Dave Trumfio qui travaillera après Holiday en 1997 sous le nom de Ashtray Boy, projet qui comprend le batteur Justin Niimi, le groupe Cannanes dont Randall Lee et aussi la présence de Josh Gennet. Depuis Holiday, Josh Gennet est apparu sur les scènes internationales aux côtés de Trembling Blue Stars pour un duo extraordinaire qu'il forme avec Harvey Williams dès 1999, figure du feu label Sarah Records, père de Another Sunny Day, également membre de The Field Mice et de Blueboy. Pour les amateurs du genre, les intemporels Waitin' Round the Corner, Holiday, Ready, Steady, Go! et Cafe Reggio de Holiday sont à glisser sur vos étagères les moins poussièreuses, les plus poppeuses.




vendredi 7 mars 2014

Making Marks

Encore tout chaud comme un petit pain sorti du four, le dernier album de Making Marks, A Thousand Half-Truths apparait le 21 février 2014 pour notre plus grand plaisir. Ce que j'écris en 2012 sur eux : "Making Marks commence en 2007 avec le ep Songs in A Major sous le nom de Mylittlepony et ce quartet norvégien joue ses chansons à travers l’Europe, arpente la Suède, le Danemark, l’Allemagne, l’Autriche, la France, mais aussi les Etats-Unis et le Canada. En 2008, le premier album Think Too Much remporte un franc succès, reçoit la distinction du meilleur album international remise en Espagne par le Premio Pop Eye. Le chanteur auteur-compositeur Ola Innset amène une belle touche d’inspiration et de classe à ses compositions, dans la veine de la pop des Belle and Sebastian, orchestrale, pastorale, méthodiquement mélodique. Mylittlepony consacre l’année 2011 à accompagner d’autres groupes amis sur scène comme les Allo Darlin’, Smittens, Wave Pictures ou encore Darren Hayman et enregistrent Making Marks, deuxième superbe album. Ola le leader, joue de la guitare, chante et crée le groupe à l’origine avec Simen Herning, s’entoure de Jørgen Nordby batteur et de la chanteuse claviériste Nina Bø. Plus tard tandis que Simen quitte la troupe, ils forment Marie Sneve Martiniussen à la basse. Elle apprend à leurs côtés puis intègre le groupe qui prend en 2012, le nouveau nom de Making Marks, officialisé avec la sortie du ep Ticket Machine le 15 octobre dernier. Le disque parait en format vinyle, avec un bonus signé Johan Hedberg des Suburban Kids With Biblical Names. "

Deux ans plus tard, la joyeuse équipe est toujours aussi fertile et le petit label, collectif éfficace de Londres, Fika Recordings qui signe entre autres Stanley Brinks, Azure Blue, Tigercats, The Smittens, ou encore Darren Hayman (Hefner) se charge d'enregistrer ce premier bijou de 10 titres. L'album ne peut que toucher les âmes sensibles aux Camera Obscura et aux Smiths. Dès les notes de Bruises on est emballé et embarqué dans une rythmique joyeuse sur le chant solaire d'Ola et de Nina ""I travel without a ticket, I want to get caught, I want to be exposed, I want to be punished for what I've done". La mélodie chavirante de Barcodes menée par la basse voltigeante et la guitare endiablée de Paul Rains du groupe Allo Darlin' avec qui Making Marks assure la tournée européenne de 2012, continue élégamment l'embardée pop suivi de la ballade langoureuse parue en 2013 sur un single, Uten En Tråd. Puis la batterie revient à l'assaut sur Forgive and Forget dans la veine des Housemartins, avec son rythme galopant et dansant jusqu'au suave Like Spinning qui déroule un tapis d'arrangements fabuleux de guitares. Les voix cristallines et aériennes favorisent le côté doux et sucré quand les guitares, basse et batterie offrent des envolées rythmiques foisonnantes et prestigieuses. Idem pour Lemon Sheets qui propose une pop et des harmonies en cascade, suivi par les synthétiseurs qui cavalent sur le guilleret Falling in Love Again. Le tout étant habillé de banjo, de ukulele, d'harmonica et de trompette sur A Thousand Half-Truths, on retrouve au fil de l'écoute une multitude de nuances, une variété d'harmonies pop qui transforment le voyage en odyssée. Pour le service à bord, aucune complainte avec Ticket Machine, bondissant et zigzagant entre un chant espiègle et un tempo pertinent, comme sur le final Flying High Forever où la promenade, chassé-croisé avec le Velvet Underground, se termine intime, belle et émouvante sur le tambourin nostalgique. L'écriture et le talent dans l'interprétation sont au rendez-vous sur A Thousand Half-Truths où les Marking Marks, qui tournent eux-mêmes leurs vidéos, sont toujours aussi divivenement inspirés et doués.
MakingMarksFikaRecordings
MakingMarksPiggledyPop2012


mercredi 5 mars 2014

The Holiday Crowd

J'évoquais le premier Ep de The Holiday Crowd il y a deux ans en parlant de leur album en cours de préparation et le voilà sorti en fin d'année 2013 : "Over the Bluffs fait référence à l’endroit près de Toronto, Scarborough, où ont grandi le chanteur Imran et le guitariste Colin. Imran Haniff alors fan des Stone Roses, des Beatles, met en route le projet avec Colin Bowers qui est fan des Specials, de Jesus and mary chain; Les deux influences qu’ils ont en commun sont New Order et The Smiths. Imran et Colin, aux profils mods, se connaissant depuis le lycée, invitent leur ami David Barnes, batteur, puis Alex Roberts, bassiste." Reprenant le titre de l'EP Over The Bluffs (Full Enhanced), le groupe ré-engeristre les 7 titres de 2012 et y ajoute deux titres inédits, Sick Days et Born Under a Different Sign. Piggledy Pop : "Le quator canadien transforme un superbe premier essai avec Over the Bluffs. Il n’y a rien à jeter, les sept titres séduisent, les plages ondulent sur la platine, délivrent des mélodies dansantes, des ritournelles de guitares efficaces, une batterie et une basse nerveuses et graciles. La voix d’Imran a quelque chose de Morrissey, biensûr, mais il y a une multitude de sons qui font aussi penser à Voxtrot, New Order, au beat anglais et qui font la part belle à la pop des années 80.

L’énergie dans les rythmiques, dans la structure des titres, dans les arpèges de guitare, pulse aussi dans les paroles romantiques de In My Arms, de While she Waits et mélancoliques dans A Tender Age, dans Pennies found. Les tonalités, la reverberations des cordes sur la basse qui taquine s’inscrivent dans une veine pop, voire rock, des eighties ce qui apporte une pincée de nostalgie mais l’ensemble reste très dynamique, entrainant et joyeux."The Holiday Crowd qui aime les Clash et les Libertines nous propose un bien bel objet qui passe de 26 à 30 avec un son parfait, des mélopées liftées qui parlent de rêveries et de relations avec une nostalgie courtoise et stylée old- school qui va comme un gant à leur jeu. Imran fleuri les titres avec son chant impressionnant, quand Colin dégage un talent divin à la guitare et qu'Alex et David pomponnent une rythmique élancée. Comme le nom Holiday Crowd le souligne, Over The Bluffs se glisse dans les écouteurs pour dévaler les pentes enneigées comme pour rouler vers les plages et le ciel bleu, surement le disque élémentaire cette année pour les amateurs de pop.
TheHolidayCrowd
TheHolidayCrowdPiggledyPop2012


mardi 4 mars 2014

Gudrid Hansdottir

L'univers de Guðrið Hansdóttir, artiste danoise originaire des iles Féroé dont le nom s'écrit aussi Gudrid Hansdottir, est doux, poétique, coincé entre la volupté de Feist et l'âme charismatique de Joni Mitchell ou de Joan Baez. Guitariste incroyablement talentueuse, elle écrit et compose des mélopées flirtant avec l'acoustique et le tempo dance contemporain, à l'aise avec différentes approches de la pop, sa voix habille le tout avec une grâce envoutante. Influencée par son grand-père musicien, Gudrid apprend la guitare avec son père guitariste renommé des groupes Straight Ahead et Streingjasúpan, Hans Carl Hansen. Gudrid lui rend hommage quand elle choisit son pseudo d'artiste elle opte pour Hansdottir qui signifie "fille de Hans". Son opus de 2007 Love Is Dead lui vaut la récompense de meilleure jeune artiste aux iles Féroé, puis en 2009 gagne le music award aux Féroé du Meilleur album de l'année avec son second album The Sky is Opening. L'artiste signe en 2011 Beyond the Grey avant de s'installer à Reykjavík où elle rencontre son complice Janus Rasmussen avec qui elle met en place le projet électro-pop Byrta, elle écrit et compose tandis qu'il joue tous les enregistrements sur leur album Tutl. En 2014, Gudrid Hansdottir revient en cavalière seule avec un album élancé, court mais qui tient du génie, Taking Ship.

From those blues eyes ouvre le disque de manière soft avec un chant voltigeant et cristallin sur une basse rebondissante et des claviers tournoyants, dansants. Toujours aussi sensuelle, la basse jouée sur Taking Ship fait des vagues et ondule gracieusement. Langoureux et suaves, les arrangements sont aussi energiques et superbement ficelés. Le duo somptueux avec Lauri Myllymäki du groupe Ochre Room, You Blossom Like a Flower fait place au virevoltant Tu Hevur taer dyrastu perlur qui swingue et propose du danois taquin, très mélodieux. You have Diamonds est une balade élégante où les cordes de guitares sont pincées et titillées sur un texte poétique qui nous embarque au "pays du soleil de minuit" et nous berce de lumieres polaires. Le voyage se poursuit avec le piano-voix majestueux de I Had in mind to Stay où le chant de Gudrid en guise d'aurore boréale rayonne de notes et de musicalité. Le piano émouvant d'Epilogue continue la même mélodie pour conclure l'écoute des sept magnifiques morceaux à travers lesquels la musicienne Gudrid Hansdottir resplendit. L'ensemble parfait offre des airs purs qui flottent et restent un moment en tête, chargés de puissance, de brio, qui plairont aussi aux amateurs d'Agnes Obel. Depuis ses 14 ans, quand elle saisit une guitare, Gudrid Hansdottir est nominée pour des récompenses et ne cesse de grandir en nous faisant cadeau de son don. Piggledy Pop ne se lasse pas de l'écouter. Je suis fan et vous conseille chaleureusement le sillage de Taking Ship.
GudridHansdottir


Ochre Room


lundi 3 mars 2014

Nick Batterham

Nick Batterham originaire de Melbourne est un auteur-compositeur qui est actif dans son domaine depuis plus de 20 ans. Et ce domaine artistique est large et étendu, va des studios à la scène, à l'accompagnement et arrangement pour d'autres groupes à la création de musique de films et de sons pour la télévision qui lui valent d'être nominé en 2009 au AFI award. Guitariste et pianiste, il est dès 1991 leader du groupe Blindside qui part en tournée avec les Smashing Pumpkins. Puis il intègre des formations sur scène comme INX, Teenage Fanclub ou les Lemonheads, puis forme les Earthmen en 1993. Après avoir concocté avec ces derniers deux albums, il participe au chant de l'EP From the Wrestling Chair to the Sea des Steinbecks, en 1996 conduit le groupe Cordrazine qui se sépare en 1998 et se reforme en 2009, joue de la guitare sur l'album One Eyed Man de Mark Seymour, enregistre, mixe et joue de l'harmonica sur l'album des Summer Cats Songs for Tuesdays en 2009 et assure le violoncelle, les claviers, la production de l'album éponyme des Blackchords la même année. Fort de son expérience, il se plonge corps et âme dans son projet solo 20 ans après les Earthmen avec un opus magnifique signé en 2010, Second Lovers.

Il écrit, il compose, il chante et joue tous les instruments avec une dextérité époustouflante. Son univers romantique est touchant. Enregistrées chez lui en gardant très souvent la première version ses mélopées en sortent plus captivantes, avec un effet naturel et direct émouvant. Son travail personnel et intime dont les textes dessinent un bilan de son expérience passée est un aboutissement superbe après tant d'années et continue tout en splendeur avec le second disque de 2013, Closing Time At Yah Yah’s. La poésie, la fraicheur du côté brut et franc se marie dès le premier titre Who can Keep Their Word joué au piano, guitare et rythmique par Nick accompagné de Jethro Woodward à la basse. Le chant limpide et intime qui entonne "I take my hat off To anyone who can keep their word" est tout aussi beau sur la seconde, Your Own Head (The River Is Wide) qui évoque la mémoire sur le rythme éfficace du batteur Craig Mitchell, le Rhodes de Darcy McFall, la basse d'Ida Duelund Hansen et le chant en choeur de Nicholas Murray qui passe à la guitare acoustique sur le suivant, Own Worst Enemy, duo génial avec la jolie chanteuse et musicienne australienne Amaya Laucirica.

A l'oreille c'est un savoureux mélange de Mark Kozelek avec Beck et Hawksley Workman. Le multi-instrumentaliste a aussi une voix frissonnante et ses textes sont mijotés pour être tantôt clinquants et mordants comme sur Sucking On The Tap et tantôt doux, passionnés comme sur le mélodieux Love Is A Dream. La guitare acoustique et le piano du langoureux Help Me Do Right This Time et Out Of Control ornent des textes qui dévoilent une fragilité à fleur de peau. Quant Nick sort derechef les armes sur Nice Things (Do My Head In), les sarcasmes sont tout aussi charmants et éfficaces, dévoilant sa sensibilité, forte et faillible à la fois. Les réglements de compte savoureux dans une veine dylannesque se poursuivent sur Tall And Pretty jusqu'au fervent et ardent All The Things I Do, "I threw the planets ‘round the sun, I drew the stars by hand, With wings on their heels and hearts, All the things I do, To make me worthy of you". Le chant et le piano dominants de Last Point sont légers comme une plume avant l'arrivée de l'harmonica aérien du titre phare Closing Time At Yah Yah's où les guitares électriques de Nicholas Murray et de Jethro Woodward, également à la basse et au glockenspiel, habillent la rythmique de Matt Vance et bouclent l'écoute avec élégance et subtilité. Second Lovers et Closing Time At Yah Yah's sont un savant dosage de balades à l'univers acoustique ravissant saupoudrés d'arrangements fins et de textes succulents composés et écrits par un Nick Batterham qui a une aisance et une créativité désarmante.
NickBatterham


The Earthmen


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