Alexander Faem, guitariste et pianiste du groupe Gülcher, nous offre de l’élégance et de la classe en barre avec son opus Agent238. Auteur-compositeur et producteur de l‘album, qu'il signe sur son propre label Chantage Records, nous convie à découvrir l’histoire de Nils Durieux et Deborah Lane, couple d’agents secrets qui part à la recherche de l’Agent238, mystérieusement disparu.
Face à la vague du mp3, à l’heure où l’on achète des titres à l’unité sur les sites de téléchargement, Agent 238 est une exception qui brave ce nouveau type de consommation de musique en proposant 11 titres indissociables. En bonus, Alexander Faem mène un combat de haut rang en utilisant la langue française.
Alexander a ce petit quelque chose qui me fait penser au grand Serge. Au-delà de la délicieuse orchestration qui flirte avec le coup de maître, je pense à Gainsbourg par le principe de l’album concept d'une part, comme Mélody Nelson, (album hommage à Vladimir Nabokov nommé dans Agent 238) et cinq ans plus tard, l’homme à tête de chou. Je distingue d'autre part une audace commune, une volonté de créer une unité artistique, de coller leur passion toute entière dans un disque.
Alexander Faem imagine l’histoire, la met en scène musicalement tel un Jacques Demy chef d’orchestre, décide et creuse magnifiquement son sillon en arrangeant les instrumentations, les voix avec goût et style. De L’Agent 238 a disparu à Fondu au noir, on suit le cours du film, on embarque dans l’aventure secrète de Nils et Deborah via Leningrad, l’Everest, la Somalie, l' Italie, Shangaï, sur des bruitages étudiés de conversations téléphoniques, des bruits de trains, d’avions etc. La puissance des cordes, des rythmiques et percussions de Julien Curé, les textes formidablement poétiques et riches dictent un scénario à notre imagination. Les images fusent, des indices dessinent les protagonistes. Les accords pop des violons, du piano , du clavecin acidulé, puis du mélodica, entraînent dans l’univers de Nils et Deborah, dans ce face à face élite d'agents doubles. Au fur et à mesure de l’écoute on déchiffre les codes et de titres en titres, c’est éclectique, surprenant, la guitare électrique menaçante égrène chaque note comme pour délivrer un indice et fait corps avec le swing d’Alexander, excellent virtuose qui sollicite le suspens en pinçant ses cordes de basse avec dextérité.
Le tandem vocal classieux de Clara et Alexander fonctionne à merveille, leurs deux voix se lient et se répondent.
Le tandem vocal classieux de Clara et Alexander fonctionne à merveille, leurs deux voix se lient et se répondent.
Nils et Deborah, Alexander et Clara, dandy et diva? Sûrement pas. Simplement un artiste brillant qui s’amuse à brouiller les pistes en travaillant ardemment. Des concerts s’organisent en France et ailleurs. Alexander Faem et l’album Agent 238 qui sort le 27 mai 2009 fait rayonner la langue française et fait régner la musique pop sur l’hexagone tel un Cagliostro du 21ème siècle.
myspace.com/alexanderfaem